Le palais de justice de Bruxelles
accueille jusqu’au 31 mars 2007 une exposition de photographies sur la
condition carcérale. Cinq photographes se sont vus confier la lourde tâche de
sensibiliser les citoyens sur les conditions de détention et de réinsertion des
prisonniers belges. Organisée par une association d’aide aux détenus,
ex-détenus et victimes, l’« asbl Autrement », dont l’administrateur
est conseiller à la Cour de cassation belge, cette exposition a eu comme
élément déclencheur un fait divers, la prise d’otage en 2005 par un détenu à
l’occasion d’une permission spéciale de sortie. L’impression laissée par cette
affaire ne contribuant en aucune façon à la cause des détenus, l’association a
voulu réagir.
Au même moment, mais cette
fois-ci, en France et plus précisément sur le parvis de l’hôtel de ville à
Paris, a été reconstituée depuis vendredi 9 mars une cellule de 9 m² contenant
3 lits, une cuvette de WC et un lavabo. Cellule dans laquelle vont se succéder
personnalités diverses et variées, la journaliste Florence Aubenas, la députée
Christine Boutin, la romancière Marie Desplechin ou encore le député Noël
Mamère pour dénoncer le surpeuplement des prisons françaises. Il s’agit là ici
d’une opération « choc » menée par l’association « trop c’est
trop » qui lutte pour le respect de la cellule individuelle prévue par le
Code de procédure pénale.
La question carcérale se bat pour
rester dans le débat, pour ne pas être mise aux oubliettes. Les rapports s’enchaînent, des expositions
et documentaires sont programmés. L’observatoire international des prisons a
clos ses états généraux et adressé son cahier de doléances aux candidats. Le
dossier est brûlant, les candidats se positionnent avec prudence. Tout le monde
est d’accord ou presque : trop de personnes par cellules, des conditions
d’hygiène et de sécurité anormales, un manque de moyen important. Dans un pays
où la majorité des peines d’emprisonnement prononcées sont inférieures à 1 an,
la question devrait peut-être se situer non pas sur le problème d’espace en
prison mais sur la nécessité de l’incarcération elle-même. La commission
nationale consultative des droits de l’homme s’inscrit dans ce sens en
consacrant son dernier rapport à paraître à la documentation française aux
alternatives à la détention.
Nadja Munn
« L’enfer me ment », exposition au Palais de justice de Bruxelles, jusqu’au 31 mars 2007.
La cellule de 9 m² sur le parvis de l’hôtel de ville jusqu’au 9 avril 2007.
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